Il y a quelques semaines, petite soirée entre amis à Téteghem près de Dunkerque. L’occasion de revoir des gens que l’on connait et de faire connaissance avec d’autres. Nous avons justement fait la connaissance d’Olivier Geniaut. Première prise de contact des plus classiques sur le mode “et toi, tu fais quoi ?” Réponse du jeune homme “j’étudie le cinéma”. Forcément, on creuse “ah oui, et pour faire quoi exactement ?” (oui, je sais, on est des sales petits curieux chez Digital Marmelade :) ). Et là Olivier nous répond qu’en fait il n’en sait trop rien car son truc, son vrai truc c’est la poésie. Bon là forcément, on se dit “oué d’accord, la poésie, moi aussi je gribouille de temps à autre, et tous les ados font dans la poésie…”. Sauf qu’Olivier, il ne fait pas que griffonner. Il se fait publier et il vend.
Et ça, ça mérite bien une petite interview. Mais d’abord, extrait de “Pour qu’un jour on oublie mon nom”.
Extrait de : Un bout de vie dans un bout de viande
“Si un avion passe par ici,
Et si quelqu’un regarde bien,
Il verra un tout petit point
Au milieu des prés et prairies.
ça, c’est moi : un bout de vie dans un bout de viande”
Extrait de : Evanescence évanouissante
“Le pétrole te jouit à la gueule.
La bouche ne se contrôle plus au volant des voitures
Quand de la ferraille te pouponne jusqu’à la sécurisante toiture.
Ce monde est si pressé
Qu’il s’en va sans son corps.”
Et maintenant, interview :
Digital marmelade : “Quel âge as-tu ? Que fais-tu à côté de ton activité de poète ?”
Olivier : “J’ai presque 20 ans. En dehors de l’écriture, je lis, je vois des films, je suis des études de cinéma (arts et culture) à Lille 3 (université à Villeneuve d’Ascq), …”
Digital marmelade : “Depuis quand écris-tu ?”
Olivier : “J’écris depuis 2003, depuis que j’ai 13 ans. Mais il a fallu du temps pour que ce que j’écrive m’aille, me plaise, ait une raison d’exister et une vraie place dans ma vie.”
Digital marmelade : “Qu’est-ce qui te donne envie d’écrire ?”
Olivier : “Mon envie d’écrire est une envie de bousculer les mots les uns contre les autres, une envie de me débattre artistiquement avant de mourir, une envie d’exprimer les sentiments multiples qui sont en moi, une envie de questionner l’absurdité de la vie.”
Digital marmelade : “Quand, où, comment écris-tu ? tu as des heures de prédilection, des endroits, tu prends des notes dans un petit carnet, tu te mets devant ton ordi ?”
Olivier : “J’écris parfois en journée, parfois en soirée, parfois la nuit. J’écris chez moi, ou chez les autres, ou dans les trains, ou dans les salles d’étude de Lille 3. J’écris quand ça vient et j’ai toujours des petits bouts de papier avec moi pour écrire en vrac en attendant d’écrire en vrai les poèmes en entier. Le recours à l’ordi a lieu uniquement lorsque je prépare un recueil.”
Digital marmelade : “Pourquoi de la poésie plutôt qu’un roman ?”
Olivier : “Ce n’est pas vraiment un choix. J’ai plus de facilité à écrire en format court qu’en format long. Mais cela me plairait d’écrire un roman un jour, dans longtemps! Je suis très admiratif des gens qui réussissent à écrire des romans qui tiennent la route. Cela me semble très complexe. Pour l’heure, je ne me sens pas du tout prêt à écrire des nouvelles, ou un roman. Peut-être ne me sentirais-je jamais prêt à le faire? Mais je ne dramatise pas, tous les formats d’écriture sont bons et la poésie a ses plus, elle permet la rime (qui m’est chère) et une certaine musicalité (à laquelle je suis également très attaché).”
Digital marmelade : “Comment t’es-tu retrouvé à te faire publier ? Comment cela s’est-il passé concrètement ? quel est le parcours ?”
Olivier : “A Ruralivres, un salon du livre situé à Fruges, j’ai discuté avec l’éditeur qui s’occupe d’AIRVEY EDITIONS. Il m’a expliqué comment fonctionne sa collection Libroteur, moi je lui ai donné un exemplaire sur feuilles de ce qui allait donné Pour qu’un jour on oublie mon nom. Quelques temps après, il m’a dit qu’il acceptait de publier le recueil et ce fut chose faite le 12 octobre 2009.”
Digital marmelade : “Combien de livres as-tu vendu ?”
Olivier : “Environ 135.”
Digital marmelade : “Sais-tu qui sont tes lecteurs ?”
Olivier : “Oui, comme je possède mon propre stock de bouquins à promouvoir, je connais l’identité de mes lecteurs. Ils sont soit des inconnus qui ont acheté mon bouquin pendant les salons du livre auxquels j’ai participé, soit mon entourage (familles, amis, connaissances) au sens large, ce qui inclue l’entourage de mon entourage, etc.!”
Digital marmelade : “Il y a ton adresse mail sur le bouquin, des lecteurs t’ont-ils contacté ? si oui pourquoi ?”
Olivier : “Certains oui, pour donner leur avis, pour m’encourager. Je n’ai encore rien reçu d’insultant!”
Digital marmelade : “As-tu eu des remarques, des critiques positives ou négatives sur ton travail d’écriture par des lecteurs, ta famille, ton éditeur ?”
Olivier : “Oui, et le ressenti global est plutôt positif, à ma grande surprise, car avant que certains de mes poèmes ne soient publiés, je n’avais pas montré beaucoup de mes poèmes à qui que ce soit, donc je ne savais réellement pas à quoi m’attendre quant aux réactions des gens, et je n’imaginais pas forcément que ma poésie puisse parler à d’autres qu’à moi.”
Digital marmelade : “Combien cela t’a-t-il rapporté ?”
Olivier : “Environ 400€.”
Digital marmelade : “Souhaites-tu vivre de ton écriture ? Penses-tu que cela soit possible ?”
Olivier : “Evidemment, ça serait idéal. Mais sans que ce soit tout à fait impossible, cela reste très très difficile.”
Digital marmelade : “Si tu ne parviens pas à vivre de ton écriture, que comptes-tu faire à côté ?”
Olivier : “Ecrire. Le reste, je verrai bien, je suis encore jeune, j’ai beaucoup de mal à apercevoir la tronche de mon futur!”
Digital marmelade : “Y a-t-il des poètes, des auteurs que tu affectionnes particulièrement ?”
Olivier : “Hubert-Félix Thiéfaine, Louis-Ferdinand Céline, Boris Vian, Jerzy Kosinski, Jacques Prévert, Samuel Beckett, Olivier Adam. Le cinema et la musique m’inspire énormément également.”
Digital marmelade : “Pourquoi ce titre ?”
Olivier : “Pour faire le malin! En fait, je trouvais important que mon recueil porte un titre qui ne soit pas forcément logique et sur lequel on aurait envie de se pencher pour voir de quoi il retourne. Alors, j’ai pris exprès le contrepied de ce que l’on a l’habitude de voir. Ensuite, si on réfléchit un peu plus loin sur le sens de ce titre, on peut constater que pour pouvoir oublier un nom, il faut d’abord l’avoir connu. Donc, si quelques personnes peuvent oublier mon nom suite à ce livre, c’est déjà un luxe, un privilège.”
Olivier Geniaut – Pour qu’un jour on oublie mon nom – Collection Libroteur – 10 euros.
Le recueil de poèmes d’Olivier est disponible :
A Lille : librairies Tirloy, l’Harmattan et Bateau Livre
A Lambersart : librairie Au temps lire
Sur le site Acel France
Vous pouvez aussi contacter directement Olivier : olivier.geniaut@laposte.net
merci pour cette interview, je m’y retrouve beaucoup
et en plus il aime Thiefaine :)
le titre est excellent ! ça promet à l’intérieur !
Merci beaucoup pour cette découverte !
Le titre en effet est magnifique ! Comme dit yann ça donne envie d’aller y voir !